Lors de ma visite de Clitheroe, je me suis intéressée aux minuscules jardins qui précèdent l'entrée de la plupart des maisons du centre ville. J'ai alors choisi de les photographier. Ces jardins, tout au long des rues s'offrent aux regards des passants dans toute leur singularité en s'affirmant comme autant de personnalités, de rencontres possibles. Mais il est bien rare de voir un être séjourner dans l'exigüité de leur surface. Sorte de "no man's land" entre les réseaux urbains et les lieux intérieurs, ils paraissent des inscriptions en espace, d'individus hors temps. Huit photographies ont été sélectionnées. Chacune de ces images a été décomposée en 37 rectangles de 11 sur 25 cm avant d'être imprimée sur papier puis huilée devenant la face d'une brique de papier. L'empilement successif de 5 rangs de "briques" construit à la fois un mur et restitue simultanément l'image. Chaque pièce invite pour ne pas dire impose la lenteur, l'immobilité, presque l'arrêt du souffle.

Monolithes paradoxalement translucides, à la fragilité résonnante de nos présences, nous voilà debout pour un instant contre la surface dévoilée de ces jardins que si souvent nos déambulations ignorent.